Quelles sont les couleurs qui composent la palette anglo-saxonne? Comment étaient-elles utilisées ?
C’est ce que je vous explique aujourd’hui !
Quand j’ai étudié les manuscrits anglo-saxons pour la réalisation de mon manuscrit, j’ai tout de suite été frappée par la riche polychromie de la palette de l’époque. En effet, même si les pigments utilisés ne sortent pas de l’ordinaire, c’est la manière dont ils le sont qui fait la différence, créant de nombreuses nuances en comparaison de ce qui se faisait sur le continent.
Introduction
L’enluminure anglo-saxonne étant un hybride entre les styles insulaire, carolingien et roman, il est difficile pour moi de partir d’une palette que je vous ai déjà présentée pour vous en montrer l’évolution.
Je partirai cependant de la palette insulaire, afin de rester cohérente, au moins géographiquement !
Souvenez-vous en. Elle se composait de :
- Blanc : blanc de plomb
- Jaune : jaune de plomb (massicot), jaune d’arsenic (orpiment)
- Rouge : rouge de plomb (minium), rouge d’arsenic (réalgar), rouge de fer (hématite), rouges bruns et violacés obtenus à partir de plantes (folium et orseille)
- Vert : vert de cuivre (vert-de-gris), verts obtenus à partir du broyage de pierres (malachite, chrysocolle)
- Bleu : indigo
- Noir : noir de fumée
La palette anglo-saxonne
La palette anglo-saxonne est légèrement plus fournie que l’insulaire, du fait des apports des techniques venant du continent durant l’époque carolingienne et romane.
Blanc
Si dans l’enluminure insulaire, on utilise le blanc pour apporter des détails, dans l’enluminure carolingienne, on l’utilise également en tant que couleur à part entière.
Dans l’enluminure romane, on l’utilise surtout pour apporter de la lumière ou pour créer des camaïeux de couleurs en les gouachant. (Une couleur gouachée est une couleur qui a été mélangée avec du blanc.)
C’est ainsi qu’est utilisé le blanc dans la palette anglo-saxonne.
Selon l’utilisation et la couvrance souhaitée, on peut utiliser le blanc de plomb, de craie ou d’argile.
Jaune
Tout comme c’était le cas dans les manuscrits carolingiens, le jaune est remplacé par l’or dans les manuscrits insulaires, mais reste tout de même bien présent dans l’enluminure anglo-saxonne.
Utilisé seul, il l’est par touches. En mélanges, il sert à la composition de verts.
Comme dans l’enluminure romane, il est souvent utilisé en mélange ou transparence pour la carnation. On peut citer les pigments tels que l’orpiment et l’ocre jaune.
Rouge
Comme dans l’enluminure carolingienne et romane, le rouge est également bien présent dans l’enluminure anglo-saxonne. Il est d’ailleurs l’une des trois couleurs dominantes avec le vert et le bleu.
Ses couleurs sont variées, allant du orange au violacé en passant par le pourpre. Sans compter sur toutes les nuances des couleurs gouachées.
On utilise les pigments tels que le minium, la garance, le vermillon et le follium.
Sur cet exemple, l’enlumineur a utilisé le minium pour la base du vêtement du personnage de gauche et un pourpre, peut-être de la garance pour le personnage de droite.
Vert
Le vert est l’une des trois couleurs dominantes de l’enluminure anglo-saxonne, avec le bleu et le rouge.
Si le vert-de-gris reste présent, les verts composés se font bonne place. Ils sont constitués de mélanges avec du jaune (orpiment ou ocre) et du bleu (azurite ou lapis-lazuli).
Bleu
Tout comme dans l’enluminure romane et la fin de l’enluminure carolingienne, le bleu est l’une des couleurs dominantes de l’enluminure anglo-saxonne, avec le rouge et le vert.
Utilisé à la fois pour tracer les lettres capitales et pour les miniatures, ses nuances sont nombreuses.
Les bleus les plus vifs sont composés d’azurite ou de lapis-lazuli, utilisés purs ou gouachés. L’indigo reste bien entendu présent.
Noir
Si le noir est utilisé dans les manuscrits anglo-saxons, il est cependant plus discret que ce qui se faisait dans l’enluminure de la même époque sur le continent. Il sert à cerner les formes mais aussi à créer du contraste dans les contreformes pour faire ressortir les couleurs.
Le noir le plus répandu est le noir de fumée, obtenu à partir de la combustion d’éléments organiques tels que le bois. Mais il pouvait également l’être en mélangeant toutes les couleurs de la palette.
Utilisation des couleurs
Dans l’enluminure anglo-saxonne, les couleurs sont la plupart du temps posées en aplats et transparences, qu’elles soient gouachées ou non.
Si le fait de gouacher les couleurs permet de jouer avec les teintes, les aplats permettent d’obtenir des couleurs plus vibrantes et les transparences, de jouer avec les ombres et lumières.
A retenir
La palette de couleurs anglo-saxonne est un hybride entre les palettes insulaires, carolingiennes et romanes.
Elle se compose de :
- Blanc : blanc de plomb, de craie, d’argile
- Jaune : jaune de plomb (massicot), jaune d’arsenic (orpiment), ocre
- Rouge : rouge de plomb (minium), rouge d’arsenic (réalgar), rouge de fer (hématite), rouges bruns et violacés obtenus à partir de plantes (garance, folium et orseille)
- Vert : vert de cuivre (vert-de-gris), verts obtenus à partir du broyage de pierres (malachite, chrysocolle), verts composés (azurite/lapis-lazuli et ocre/orpiment)
- Bleu : lapis-lazuli, azurite, indigo
- Noir : noir de fumée, noirs composés
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Appréciez-vous la riche polychromie de la palette anglo-saxonne et ses teintes vives ?
Que pensez-vous des couleurs et de la manière dont elles sont utilisées ?
Dites-moi tout en commentaire !