Quand la réalité et la fiction se mêlent. C’est ce que j’ai découvert et apprécié quand j’étais jeune et que je regardais déjà les séries télé parlant de sorcières, à l’instar de A Discovery of Witches. Je ne connaissais pas encore les manuscrits médiévaux comme aujourd’hui et à l’époque, j’étais déjà fascinée par les grimoires renfermant des formules rédigées dans des écritures anciennes. La série dont je vais vous parler aujourd’hui, c’est Charmed. Je vous en dis plus.

Entre réalité et fiction
Charmed est une série de la fin des années 90, début des années 2000 qui met en scène trois sœurs que tout semble opposer. Vivant à San Fransisco, elles se retrouvent à cohabiter dans la maison de leur défunte grand-mère le temps de régler l’héritage. Mais pas une nuit orageuse, la plus jeune, Phoebe, tombe sur un vieux livre dont elle lit les premières lignes.
Jusque-là, rien de bien étrange. Sauf que la lecture de Phoebe la transforme, ainsi que ses deux sœurs Piper et Prue, en sorcières. Elles doivent donc apprendre à vivre ensemble pour remplir leur mission : protéger les innocents des démons.
Où se situe la frontière ?
Tout d’abord, si San Fransisco est une ville bien réelle, les pouvoirs que manipulent les trois sœurs et les créatures magiques qu’elles rencontrent au long de leurs aventures le sont un peu moins. Car Prue possède des dons télékinésiques, Piper peut arrêter le temps, et Phoebe voit l’avenir. Et les héroïnes de Charmed combattent des démons maléfiques qui répandent le mal sur Terre avec force boules de feu, éclairs et autres joyeusetés. De ce point de vue, on peut donc dire que la limite entre réalité et fiction est assez nette.
Là où elle l’est moins, c’est sur les pratiques rituelles des trois sœurs, qui ont trait à leurs pouvoirs. En effet, la série s’inspire librement de la Wicca, un courant entre paganisme, shamanisme et druidisme. Il porte une grande attention à la nature, à la saisonnalité et à l’univers. La série s’en sert également pour mettre l’accent sur la féminité et son épanouissement, à travers la sororité, l’amitié, la liberté s3xuelle. Tous ces rituels s’accompagnent souvent de potions et de formules. Et évidemment, ils sont conservés dans un gros livre, un grimoire, que les pratiquantes appellent généralement un « livre des ombres ». Et c’est précisément ce qui m’intéresse.
Qu’en est-il donc de celui de la série ?
Mon analyse
Le Livre des Ombres de Charmed est un petit mélange d’inspirations diverses et variées.
Certains passages sont rédigés dans une écriture cursive du XIXe siècle. Cependant, la plupart des pages à l’effigie d’un démon ou présentant une formule ou une potion sont calligraphiées et enluminées. Toutefois, il n’y a pas de style dominant. Et je dirais même que plusieurs styles ont été mélangés pour créer des effets stylistiques. Et ceux-ci sont… parfois réussis, parfois douteux.
Mes yeux d’adolescente étaient fascinés par les couleurs et la mise en page de ce livre. Mais je dois avouer que mes yeux plus aguerris d’enlumineresse saignent un peu face à certaines pages.
La page de titre
La page de titre du livre se veut dans un style gothique. En effet, elle est illustrée avec des lettrines massives encadrées sur fond d’or, et décorées de motifs végétaux. L’écriture droite et texturée est, elle aussi un bon indicateur. En soit, ça fait le job. Mais si je dois être honnête, je dirais que rien ne va dans cette page ^^’
Enfin non. Ca n’est pas affreux non plus, mais j’ai beaucoup à dire.
Concernant le style : c’est un mélange intéressant entre roman/anglo-saxon et gothique. La mise en page suggère du gothique, mais le style du B, notamment, est plus roman/anglo-saxon que gothique. Il ressemble beaucoup à ce qu’on peut trouver dans des manuscrits comme la Bible de Bury, par exemple.

Concernant la mise en page : La mise en page est bancale.
- La triquetra (le genre de triskel avec des amandes à la place des spirales) est l’élément central. Très bien.
- Mais les mots « book » et « shadows » ne semblent même pas alignés. Ou centrés.
- Le B est beaucoup trop gros par rapport au S. Alors, je peux comprendre ce choix. Le grossir pour prendre de la place et compenser le manque de lettres entre « book » et « shadows ». Mais tout de même.
- Il y a trop de motifs végétaux en bas, et pas assez en haut.
Concernant les couleurs : Une lettre rouge, l’autre bleue. C’est un choix judicieux. Mais on en parle de ce vert qui nous pique les yeux ?
Bref, je pense que je vais m’arrêter là. Pour me consoler, j’ai réalisé ma propre version de cette page titre. Elle n’est pas parfaite, mais un peu plus équilibrée. Voilà la comparaison :


A retenir
La série Charmed est un bon divertissement. Si on aime les séries qui parlent de sorcellerie moderne, de sororité, de famille et d’amour, c’est un classique. La limite entre réalité et fiction et parfois grotesque, mais souvent traitée avec humour.
Quant au Livre des Ombres, disons que sa richesse graphique plaira au plus grand nombre. C’était mon cas quand j’étais adolescente. Cependant, il ne faut pas y chercher une représentation fidèle de ce que peut être l’enluminure. Les illustrations sont souvent très dynamiques modernes. La mise en page s’inspire librement des manuscrits médiévaux, et ça fonctionne. Pour peu qu’on n’y regarde pas de trop près.
Voilà qui est tout pour cet article, j’espère en tout cas qu’il vous aura plu ! Pour me soutenir, partagez-le autour de vous et laissez-lui un petit pouce en l’air !
Mais avant de partir, dites-moi donc en commentaire ce que vous pensez de cette série si vous l’avez vue. Si vous avez d’autres exemples de représentation de manuscrits dans la pop culture dont vous voudriez que je parle, n’hésitez pas à me partager vos idées !
Sur ce, je vous dis à très bientôt !