Bonjour et bienvenue pour la présentation du quatrième manuscrit du groupe d’Ada de ma liste ! Il s’agit de l’Évangéliaire de Saint Médard de Soissons. Il est conservé à la Bibliothèque Nationale de France sous la cote latin 8850.
Détails
Il s’agit d’un manuscrit en parchemin relié de 239 folio.
Il a une taille de 360×265 mm.
Rédigé en latin sur deux colonnes, il date du IXe siècle (~800)
On y retrouve des capitales romaines pour les titres, de l’onciale romaine pour le reste du texte.
Description
Ce manuscrit, vraisemblablement exécuté pour Charlemagne, a été donné à Angilbert, abbé de Saint-Médard de Soissons par Louis le Pieux et sa seconde épouse Judith. Cela s’est déroulé à Pâques de l’an 827, lors de la translation des reliques de saint Sébastien dans cette abbaye avec d’autres biens ayant appartenu à l’empereur (cf. au f. 1, ex-libris de l’abbaye de Saint-Médard de Soissons (XVIIIe s.)).
La reliure précieuse originelle est décrite dans le récit de cette translation rédigée par Odilon en 930, mais, probablement suite à un vol, elle a été remplacée en 1169 par l’abbé Enguerrand. Cette seconde couvrure, en argent doré et filigrané, qui protégeait encore le manuscrit en 1663, fut à son tour remplacée au XVIIIe siècle par la reliure aux armes de l’abbaye qu’il porte encore de nos jours.
Du fait de leur présence dans le trésor de cette institution, ces Évangiles ne figurèrent pas dans le catalogue de la bibliothèque de Saint-Médard édité par Montfaucon. Suite aux confiscations révolutionnaires, ils ont été apportés de Soissons à la Bibliothèque nationale le 25 août 1790 avec deux autres manuscrits de même origine (BnF, mss. lat. 8961 et fr. 9106). Ils ont fait partie des manuscrits exposés à la fin du XIXe siècle.
Source : notice complète du manuscrit sur le site de la BNF.
Photos
Le dessin
Comme celui que je vous ai présenté la semaine dernière, ce manuscrit est encore une fois fabuleux par sa richesse. C’est l’un des manuscrits que j’ai le plus consulté et dont je me suis le plus inspiré. Pour moi, c’est une référence sûre du style carolingien de l’école de Charlemagne.
Les évangélistes sont représentés dans la posture de l’écrivain, comme le veulent les codes de l’époque, et ont tous une posture différente. Les décors qui les entourent sont d‘inspiration antique avec un semblant de perspective qui donne de la profondeur à la scène. Ils sont tous les quatre représentés sous des portiques dont les arches sont finement ouvragées.
Les motifs géométriques et les drapés sont très fins et détaillés. Chaque recoin possède son détail.
La couleur
Les pages ne sont pas pourprées, ce qui permet d’avoir une idée réaliste des différentes couleurs.
Pour les bleus, on trouve de l’indigo et ce qui pourrait ressembler à du lapis lazuli ou du bleu de cuivre. Pour les verts, il y a du vert de cuivre et sans doute du vert composé. Il y a de l’orpiment et de l’ocre pour les jaunes, du minium, du folium et des terres pour les rouges, du blanc de plomb et du noir de carbone.
Le bleu, le orange et le mauve sont les couleurs dominantes et l’or a encore une fois bonne place.
Mon avis
Au risque de me répéter, je fonds littéralement devant l’exécution de ces pages. Je trouve qu’elles ont un côté plus réaliste dans leur exécution que celles de l’évangéliaire d’or qui leur donne plus de profondeur.
Le côté un peu passé des couleurs donne un aspect vieilli et mystérieux que l’évangéliaire d’or n’a pas. A vrai dire, ces deux manuscrits sont très similaire sur beaucoup de points, et je les aime autant l’un que l’autre pour des raisons quasiment opposées. J’aime le côté très moderne du premier et le côté plus ancien et réaliste de l’autre.
Je vous laisse une fois de plus comparer les différents manuscrits et jouer au jeu des sept erreurs !
Dites-moi en commentaire quelle version vous préférez !
Voilà pour cette présentation de l’évangéliaire de Saint Médard de Soissons. J’espère que la présentation de ce manuscrit vous aura plu !
A très bientôt !