Quand on débute l’enluminure, la pose d’or peut être une sacré épreuve. Il en est de même quand on a plus d’expérience, mais que l’on soit débutant ou non, une pose d’or réussie se résume souvent à une chose : la pose de son mordant. C’est pourquoi, aujourd’hui, je vous explique comment bien poser votre mordant en trois points clés.
Une fois n’est pas coutume, il faut que je vous partage une anecdote de mon apprentissage !
Quand j’ai appris l’enluminure, j’étais impatiente de commencer la pose d’or. A croire que je suis un dragon, je suis littéralement fascinée par tout ce qui brille ! Mais quelle n’a pas été ma déception quand, lors de mes premiers essais, j’ai rapidement constaté que la feuille que j’avais pris tant de soin à poser n’avait pas adhéré à mon support ? Et quand, par la suite, je me suis retrouvée avec des boursouflures ?
Voilà donc quelques conseils qui, je l’espère, vous éviteront de connaître les mêmes déboires que les miens. Je m’adresse surtout à ceux qui posent du mordant en aplat, et non en épaisseur comme avec le gesso.
Préparation minutieuse du support
Cela peut paraître évident, mais avant de commencer un projet, il faut vous assurer que votre support est bien prêt à recevoir ce que vous allez y poser. C’est valable pour le pigment, mais également pour l’or !
Assurez-vous donc que votre support est bien propre : éliminez toutes poussières et saletés qui pourraient interférer avec votre pose d’or. Par exemple, du carbone provenant d’un crayon, des pelures de gomme, des poils d’animaux ! (J’ai un chat, je parle d’expérience… !)
L’important est de travailler dans un environnement le plus propre possible. Car un grain de poussière, aussi petit soit-il, créera du relief dans votre mordant et se verra inévitablement sous votre feuille d’or !
Si vous travaillez sur parchemin, assurez-vous aussi de l’avoir bien dégraissé ! Car un parchemin gras ne retiendra ni pigment ni mordant !
Application du mordant
En ce qui concerne la pose de son mordant, plusieurs écoles existent.
L’application à la goutte
Ce type d’application consiste à prendre une goutte de mordant avec son pinceau et à l’étirer le plus possible dans la forme à dorer.
L’avantage est que l’on a moins besoin de recharger son pinceau et ainsi, que l’on prend moins le risque de créer une délimitation dans la pose de son mordant.
L’inconvénient, c’est que l’on maîtrise moins la quantité de mordant que l’on pose. Dans le cas d’une pose en épaisseur, je trouve que cela peut être une bonne solution, mais pas dans le cas contraire.
L’application comme un pigment
Ce type d’application consiste à poser son mordant comme on poserait un pigment : en couches fines et successives.
L’avantage, c’est qu’ainsi, la quantité de mordant posé est beaucoup plus facile à contrôler et que l’on prend moins le risque de créer des surépaisseurs.
L’inconvénient, c’est que cette technique prend du temps.
Personnellement, je suis de la deuxième école, et malgré mon impatience, je dois dire que la pose de mordant en couches fines et successives vaut vraiment le coup.
Mais quelle que soit la méthode que vous utilisez, assurez-vous d’appliquer le mordant de manière uniforme. Travaillez également avec précision avec un pinceau adapté pour délimiter les contours des motifs que vous travaillez. Car des contours mal définis se traduiront par des bavures ou des manques.
Temps de séchage et vérification
Pour moi, c’est peut-être l’étape la plus importante et celle qui est le plus souvent négligée.
Une fois le mordant appliqué, laissez-le sécher !
Qu’il s’agisse de votre première ou de votre dernière couche, le temps de séchage est primordial pour obtenir un résultat de qualité. Il peut évidemment varier en fonction du type de mordant utilisé, mais la règle de base est d’attendre que la couche précédente soit totalement sèche avant de poser la suivante.
Comment savoir que votre mordant est sec ?
Pour commencer, observez-le. S’il brille encore, il y a de fortes chances qu’il ne soit pas sec, surtout si vous le posez en couches fines.
S’il brille toujours après un certain temps et que vous n’êtes pas certain de ce que vous voyez, touchez-le.
Comprenons-nous bien : ne mettez pas vos doigts en plein milieu et n’appuyez pas ! Vous risqueriez de tout gâcher ! Contentez-vous d’effleurer la surface de votre mordant. Si votre doigt glisse dessus, c’est qu’il est sec. Si vous sentez une résistance, il y a de fortes chances qu’il soit encore humide.
Comment savoir que votre mordant est posé en quantité suffisante ?
Là, c’est la question piège.
Comme pour les pigments, je n’aime pas raisonner en termes de couches. Je ne pourrai donc jamais vous dire que tel pigment se pose en tant de couches, c’est impossible.
Pourquoi ? Parce que chacun a sa manière de poser son mordant. Chacun est juge de l’épaisseur de la couche qu’il pose sur le support.
Alors, comment savoir si votre mordant est posé en quantité suffisante ? Faites confiance à vos yeux. Observez.
Si après la pose d’une ou deux couches, vous avez l’impression que l’aspect de votre support n’a pas changé, c’est que vous n’avez certainement pas posé suffisamment de mordant.
Au contraire, si après une ou deux couches, votre mordant recouvre parfaitement le motif que vous voulez dorer et qu’il paraît bien brillant alors qu’il est sec, c’est que vous en avez posé en quantité suffisante.
Dans le cas des mordants qui se posent en aplats, prenez garde à ne pas en poser trop. Encore une fois, vous le verrez tout de suite.
A retenir
Voilà donc les points clés d’une bonne pose de mordant :
- Préparez minutieusement votre support : à bas les impuretés !
- Veillez à appliquer votre mordant correctement selon la méthode qui vous est le plus confortable:
- à la goutte
- comme un pigment
- Soyez précis dans l’application
- Laissez votre mordant sécher suffisamment !
J’espère en tout cas que cet article vous aura plu ! Dites-moi en commentaire quels types de mordants vous utilisez, si vous parvenez facilement à les poser, et si ça n’est pas le cas, quelles difficultés vous rencontrez.
A très bientôt !