Que sont les écritures gothiques ? À quelle période apparaissent-elles ? Quelles sont leurs caractéristiques ?
C’est ce que je vous explique aujourd’hui !
J’ai tout de suite été enthousiasmée à l’idée d’apprendre l‘écriture gothique, car c’est peut-être la première forme d’écriture qui vient à l’esprit quand on parle de calligraphie.
Cependant, j’ai rapidement déchanté devant la difficulté de la tâche ! D’une part, parce qu’il n’existe pas qu’une écriture gothique, et d’autre part, parce que les différentes calligraphies gothiques existantes sont la plupart à l’opposé de l’écriture caroline que j’affectionne tant !
Du moins, c’est ce que je pensais…
Définition
L’écriture gothique est un style d’écriture utilisé dans les productions manuscrites à partir des XIIe et XIIIe siècles en Europe Occidentale.
Origines
En France, la période gothique se décompose en plusieurs phases en ce qui concerne le style iconographique. Au niveau de la calligraphie, c’est à peu près la même chose.
Si vous avez lu mes différents articles, vous savez que la calligraphie au Moyen-Âge s’homogénéise grâce à la caroline, apparue au IXe siècle sous l’impulsion de Charlemagne.
Durant les siècles suivants, la caroline évolue pour donner naissance à la minuscule gothique au XIe siècle, aussi appelée gothique primitive. Ce style d’écriture reste assez homogène et est largement utilisé en Europe Occidentale.
La gothique textura
Suivant la même évolution, la gothique primitive devient ce qu’on appelle la gothique textura ou parfois appelée lettres noires. C’est la forme d’écriture qui est la plus utilisée du XIIe au XVe siècle.
On l’appelle parfois lettres noires car elle est composée de fûts très serrés entre eux, donnant l’impression que la page a été noircie.
C’est le style textura qui sera choisi pour produire les premiers caractères d’imprimerie vers le milieu du XVe siècle.
Plus haut j’ai mentionné que l’évolution de la calligraphie gothique avait plusieurs phases. En réalité, elle suit plusieurs mutations en fonction du lieu où elle est utilisée et de l’utilisation qu’on en fait. Par conséquent, il n’y a pas qu’une seule calligraphie gothique, mais plusieurs.
La cursive
En parallèle de l’utilisation de la textura, qui est plus une écriture de livres, on utilise une écriture cursive. Elle sert à un usage quotidien, généralement pour la rédaction de documents administratifs en langue vulgaire.
La gothique rotunda
Au sud, la gothique primitive évolue de façon plus ronde : c’est la “rotunda” qui est utilisée. Elle est plus lisible que la textura et se rapproche beaucoup de la caroline.
Les bâtardes
Au nord, ce sont les écritures “bastarda” qui sont utilisées. “Bastarda” désigne une écriture bâtarde, un mélange entre plusieurs influences, généralement formel et cursif. Il en existe plusieurs types en fonction des mélanges desquels elle est issue : bâtarde anglaise, française, flamande, etc.
Évolution
Au XVe siècle, avec l’apparition de l’imprimerie, les manuscrits enluminés disparaissent peu à peu. Même si l’écriture textura perdure grâce aux caractères de plomb, elle est progressivement abandonnée, car trop compliquée à écrire et à lire.
A la Renaissance, l’écriture simple et lisible sera de nouveau privilégiée pour la rédaction de documents manuscrits, et une nouvelle écriture inspirée de la caroline verra le jour : l’humanistique.
Utilisation
Les écritures gothiques sont utilisées pour la rédaction de livres religieux et laïcs : Bibles moralisées, Psautiers, Livres d’Heures, chroniques, chansons de geste, textes juridiques, etc.
Comme pour les siècles précédents, elle n’est pas utilisée seule dans le texte, mais est accompagnée de lettrines décorées. Cet ensemble crée une hiérarchie dans le texte, cassant un peu le bloc formé par les lignes d’écriture.
Difficultés
Comme pour la gothique primitive, et peut-être plus, la difficulté avec les écritures gothiques réside dans la régularité des formes.
La textura étant composée de fûts, si ces derniers ne sont pas réguliers, la calligraphie aura l’air bancale.
Une autre difficulté peut être le maniement de la plume au moment de la rédaction. Certains tracés demandent en effet que l’angle d’écriture soit modifié en cours de route afin que le galbe des lettres soit le bon. C’est en effet le jeu des pleins et des déliés qui fait aussi l’identité d’un style d’écriture.
A retenir
La calligraphie gothique :
- Désigne un ensemble de style d’écriture ayant cours entre les XIIe et XVe siècles
- Est composée de la textura (principalement), de la rotunda, de différentes bâtardes et également d’une écriture cursive
- Sert à la rédaction d’ouvrages religieux et laïcs, tels que des Bibles, Psautiers, chroniques et documents administratifs
Et vous, que pensez-vous des différentes écritures gothiques ? Les trouvez-vous illisible ? Élégante ?
Connaissiez-vous déjà l’une d’entre elle ?
Sauriez-vous les reconnaître ?
Dites-moi tout en commentaire !
Je trouve l’écriture gothique très jolie – sauf en tatouage, surtout sur des femmes… j’ai toujours trouvé que c’est un style trop imposant, qui ne met pas le corps en valeur – ce qui est pourtant la base d’un tatouage ☺️
Par contre, la voir en calligraphie dans un ancien livre, avec des lettrines décorées, c’est tout simplement magnifique !
Merci pour ton avis !
Je suis un peu du même avis que toi concernant l’écriture gothique en tatouage, je la trouve un peu trop imposante.