Quand on débute en enluminure, il peut être compliqué de s’y retrouver entre les différents liants et mordants qui existent. Mais quelle est la différence entre les deux ? Combien en existe-t-il ? Quelles sont leurs différences ?
C’est ce que je vous explique aujourd’hui !
Quand j’ai commencé l’enluminure, je n’avais aucune idée de la manière de préparer un pigment, et encore moins de travailler la feuille d’or. Alors de là à savoir ce qu’était un liant ou un mordant ?
Mais qu’est-ce que c’est, justement ?
Un liant
Un liant est, comme son nom l’indique, une substance permettant de lier. En enluminure, il s’agit en réalité des substances servant à préparer les pigments en une pâte prête à l’emploi.
Les principaux liants en enluminure sont la détrempe médiévale et la tempéra, qui sont toutes deux des mixtions à base d’œuf.
Il est également possible d’utiliser des résines seules telles que la gomme arabique, ou le blanc d’œuf pur.
Les différents liants
La gomme arabique est une résine naturelle provenant de l’acacia. Diluée à de l’eau, elle donne une substance collante pouvant servir à la préparation des pigments.
Le blanc d’œuf, tout le monde connait, mais il n’est pas utilisé tel quel. Il est généralement clarifié soit par émulsion, soit par absorption à travers une éponge. Il devient alors plus liquide et plus facile à travailler.
La détrempe et la tempéra sont des mélanges à base d’œuf , la différence entre les deux étant que la détrempe est à base de blanc d’œuf et la tempéra à base de jaune.
Pour la détrempe, on ajoute au blanc d’œuf de la gomme arabique et de l’eau de miel. On obtient alors une préparation un peu plus épaisse que le blanc d’œuf ou la gomme arabique purs, mais aussi plus souple et moins cassante une fois posée. La gomme arabique apporte le collant, le blanc d’œuf, la transparence, et l’eau de miel, l’onctuosité.
Pour la tempéra, on peut ajouter au jaune d’œuf les mêmes ingrédients que pour la détrempe, le jaune de l’œuf étant plus onctueux que le blanc et pouvant influer sur les couleurs claires.
Leur utilisation
La préparation des pigments avec du blanc d’œuf ou de la gomme arabique purs sert généralement pour la calligraphie. En effet, ces préparations sont légères et suffisamment liquides pour être utilisées avec une plume. La finesse des traits garantira leur tenue sans risque de craquelure.
La préparation des pigments avec de la détrempe ou de la tempéra sert généralement pour la peinture. En effet, ces préparations plus épaisses permettent de poser le pigment plus en épaisseur, sans pour autant prendre le risque que ce dernier craque.
Un mordant
En art, notamment, en dorure, un mordant est une substance collante servant à accueillir la feuille d’or. Un mordant peut avoir plusieurs origines : végétale, animale ou être une mixtion.
Mordants d’origine végétale
Pour les mordants d’origine végétale, ce sont souvent les résines naturelles qui sont utilisées pour faire coller la feuille d’or, comme la gomme arabique ou la gomme ammoniaque.
La gomme arabique est de la sève d’acacia, et la gomme ammoniaque est extraite de la sève d’une plante asiatique nommée ferula ammoniacum.
Mordants d’origine animale
Pour les mordants d’origine animale, ce sont souvent des colles faites à partir de peaux d’animaux : lapin, porc, vache, chèvre, cerf, poisson…
On obtient la colle en faisant bouillir la peau pour en extraire le collagène. Le bouillon, une fois réduit, donne une substance gélatineuse et collante qu’il faut maintenir chaude pour qu’elle reste fluide.
Les plus communes sont les colles de peau de lapin et de poisson.
Mixtions
Les mixtions sont, comme leur nom l’indique, des mélanges. Ces mélanges sont en général composés d’une substance collante : une résine ou une colle de peau, associée à un assouplissant, souvent de l’eau de miel ou de la glycérine.
En fonction du mordant préparé, on peut y ajouter d’autres ingrédients pour assurer une meilleure élasticité ou une meilleure résistance.
Les mixtions les plus courantes en enluminure pour la pose de feuille d’or sont la détrempe et le gesso.
L’utilisation des mordants
La gomme arabique entre dans la composition de la détrempe. Si cette dernière sert de liant, elle peut également servir de mordant pour la pose de feuille d’or. Elle est alors répartie en couche fine sur le support, et après un temps de séchage, elle est réactivée pour accueillir la feuille d’or.
La gomme ammoniaque est utilisée seule pour la pose de la feuille d’or. Diluée dans de l’eau, elle donne une solution très odorante et très collante. Elle est répartie en couche fine sur le support, et après un temps de séchage, elle est réactivée pour accueillir la feuille d’or.
La colle de peau de poisson peut être utilisée seule pour la pose de feuille d’or. Sa consistance très épaisse peut être ajustée par adjonction d’eau en quantité limitée. Elle est alors répartie en couche fine ou plus épaisse de manière à obtenir du volume. Après un temps de séchage, elle est réactivée pour accueillir la feuille d’or.
Le gesso est l’outil phare pour la pose d’or à la fin du Moyen-Âge. Sa consistance épaisse en fait le mordant idéal à poser en épaisseur afin de créer du volume. Sa résistance permet de le poncer avant d’accueillir la feuille d’or, mais aussi de brunir l’or une fois posé pour lui apporter un effet miroir. Le gesso est donc posé en couche généralement épaisse et réactivé après un temps de séchage pour accueillir la feuille d’or.
A retenir
Un liant sert à préparer un pigment en vue de peindre ou de calligraphier.
Un mordant sert à accueillir la feuille d’or sur le support.
Si certains ingrédients sont communs aux deux, notamment le blanc d’œuf et la gomme arabique, ils ont pourtant des rôles bien distincts.
J’espère en tout cas que cet article vous aura plu ! Dites-moi en commentaire quel genre de liant ou de mordant vous utilisez, car je sais qu’il en existe beaucoup et que je suis loin de les connaître tous !
A très bientôt !