Qui dit enluminure, dit également calligraphie ! Mais que ce soit pour une calligraphie médiévale ou moderne, les règles de base sont les mêmes : le secret d’une écriture élégante est l’équilibre entre poids, corps, angle et rythme d’écriture.
Mais qu’est-ce que c’est ?
Je vous explique tout ça !
C’est parti !
Quand j’étais au collège, après avoir lu les premiers tomes des aventures du célèbre sorcier à lunettes, j’ai immédiatement voulu apprendre à écrire avec une plume.
Mes parents m’ont donc offert un stylo plume avec un set de différentes tailles de plumes calligraphiques. J’étais heureuse comme tout, mais j’ai eu tellement de mal à obtenir des résultats satisfaisants que j’ai fini par abandonner.
Plus tard, grâce au merveilleux outil qu’est internet, j’ai pu combler mes lacunes en la matière, mais ça n’est qu’une fois que je suis passée par l’école d’enluminure que j’ai vraiment pris plaisir à calligraphier.
En effet, malgré tous les trucs et astuces que j’avais pu trouver sur la toile, rien ne vaut les conseils d’un enseignant.
Pourtant, en soit, il n’y a pas de secrets : l’art de la calligraphie se résume à quelques règles simples à respecter.
Mais tout d’abord, parlons vocabulaire !
Vocabulaire
Pour bien comprendre ce dont je vais parler plus loin, il est important que je vous donne quelques mots de vocabulaire.
Le corps de la lettre : c’est la partie principale d’une lettre, par exemple, le « ventre » d’un « b » ou d’un « p ». C’est la partie de la lettre qui se trouve entre les deux lignes que forment le corps d’écriture.
La haste : c’est la partie supérieure d’une lettre. Par exemple, la barre du « d » qui dépasse au-dessus du corps de la lettre constitué par son ventre. Pour m’en rappeler, je pense au mot « haute ».
La hampe : c’est la partie inférieure de la lettre. Par exemple, la barre du « p » qui dépasse au-dessous du corps de la lettre.
Maintenant, on peut passer aux choses sérieuses !
Le poids de l’écriture
La première des règles de base à respecter en calligraphie est celle du poids de l’écriture.
Il s’agit du ratio entre la taille de la plume ou du pinceau et la taille du corps de la lettre. Par exemple, on peut utiliser une petite plume pour tracer une très grande lettre, ou une grosse plume pour tracer une petite lettre.
Le fait de tracer une petite, une moyenne ou une grande lettre avec une même plume fait varier son poids.
Ici en exemple, pour la même taille de pinceau donnée, trois tailles de lettre différentes : sur la première ligne, le “m” a l’air normal, sur la deuxième, il a l’air tassé et sur la troisième, il a l’air tout maigre.
Pour les écritures historiques, ce ratio est déjà établi. Il s’agit donc simplement d’appliquer le poids de l’écriture que l’on a choisi. On le calcule en bec de plume.
Je vais prendre en exemple des écritures ayant cours à l’époque de Charlemagne : la Caroline et l’Onciale.
- Le poids de l’écriture caroline est de 3.5 becs de plumes. C’est à dire que le corps de la lettre possède une hauteur équivalente à 3.5 fois la largeur de la plume choisie.
- Le poids de l’écriture onciale est de 4 becs de plumes. C’est à dire que le corps de la lettre possède une hauteur équivalente à 4 fois la largeur de la plume choisie.
C’est une valeur importante, car c’est grâce à elle que l’on peut calculer le corps d’écriture.
En général, le poids de la plume est indiqué au début d’une planche de calligraphie. Ici, ce sont les petits carrés au début de la ligne qui équivalent chacun à la largeur d’un bec de plume.
Le corps d’écriture
La deuxième règle à respecter en calligraphie est celle du corps d’écriture. Comme je le disais plus haut, c’est tout simplement l’espace entre les deux lignes où le corps des lettres sera tracé.
Là où ça se complique, c’est qu’il s’adapte en fonction du type d’écriture mais surtout de la taille de la plume choisie. Chaque période de l’enluminure possède son type d’écriture emblématique.
Il est important de retenir que ça n’est pas la taille de la plume qui s’adapte en fonction de la taille du corps d’écriture qu’on a, mais bien le corps d’écriture qui s’adapte en fonction de la taille de la plume qu’on utilise, d’où l’importance de connaître de poids de l’écriture choisie.
On voit bien ici que pour une plume de même taille (2.5mm), le corps d’écriture possède des tailles variées. C’est parce que les poids des lettres de ces différents types de calligraphies sont différents.
Comment le calculer ?
En multipliant la valeur du poids de la plume par celle de la taille de la plume.
Par exemple, l’écriture caroline possède un poids équivalant à 3.5 becs de plumes.
Comme vu précédemment, cela veut dire que la hauteur du corps de la lettre sera égale à 3.5 largeurs de plume.
Si votre plume fait 1 mm de large, les deux lignes seront espacées de 1×3.5 = 3.5 mm.
Si votre plume fait 2 mm de large, les deux lignes seront espacées de 2×3.5 = 7 mm.
Et ainsi de suite !
L’angle d’écriture
Troisième règle de base et toute aussi importante que le poids de l’écriture, l’angle d’écriture est ce qui vous permettra de réaliser les pleins et déliés comme il se doit.
Les pleins sont les parties des lettres les plus épaisses.
Les déliés sont les parties des lettres les plus fines.
C’est la largeur et l’inclinaison de la plume qui détermine les pleins et les déliés.
En changeant l’angle d’écriture, on change donc leur taille et leur emplacement.
Sur une planche de calligraphie, l’angle d’écriture est généralement indiqué au début par un petit angle.
Le ductus
Ductus ?? Mais qu’est-ce que c’est ??
Règle essentielle en calligraphie, ça n’est rien d’autre que le sens et l’ordre dans lequel les traits des lettres sont tracés. Cet ordre et ce sens permettent d’apprendre un geste qui deviendra une habitude et vous permettra à terme de tracer les lettres les plus belles le plus facilement possible.
Ici, le ductus est indiqué par les petites flèches autour des lettres.
Le rythme d’écriture
De même, le rythme de l’écriture est important pour l’aspect du texte, car c’est lui qui détermine l’espacement entre les lettres et les mots.
Chaque époque possède un rythme d’écriture qui lui est propre, même s’il n’est évidemment pas figé.
Par exemple, l’écriture gothique possède un rythme très serré : les lettres et les mots sont très rapprochés.
Au contraire, la rustica possède un rythme très détendu : ses lettres ont toute la place qu’elles veulent !
Si vous tenez à ce que votre calligraphie ait un aspect historique, il est préférable de bien observer des manuscrits de référence afin que votre rythme s’en rapproche. Pour les manuscrits, vous pouvez consulter ceux de la BNF !
Mais libre à vous d’improviser !
À retenir
Je sais, ça fait beaucoup de mots compliqués pour un seul article, mais il était important de les citer pour comprendre comment tout cela fonctionne !
Pour faire plus simple, le secret d’une écriture élégante et équilibrée se résume à :
- Savoir avec quelle taille de plume ou pinceau les lettres doivent être tracées (connaître le poids de l’écriture)
- Savoir quelle taille les lettres vont avoir (bien calculer la taille du corps d’écriture)
- Maintenir le bon angle de tracé des lettres
- Respecter l’ordre de tracé des traits des lettres
- Faire attention au rythme d’écriture
Et vous, avez-vous déjà tenté de faire un peu de calligraphie, qu’elle soit ancienne ou moderne ?
Quel genre de plume ou de pinceaux utilisez-vous ?
Connaissiez-vous ces règles? Les suivez-vous? En avez-vous d’autre ?
Et pour ceux qui n’auraient jamais fait de calligraphie, est-ce que ces règles de base vous semblent compliquées à suivre ? Ou au contraire, vous donnent-elles envie de vous lancer ?
Dites-moi tout en commentaire !
Merci pr cet article ! Il n’y a pas bcp d’articles de ce type sur internet ! Tu nous a montré le détail de de la calligraphie ! J’aime bcp ta façon de nous expliquer avce des images toutes les caractéristiques !