Fiche pratique : l’importance du décalquage

Eh oui, je vous avais caché ça : en fait je ne sais pas dessiner, je décalque tout ! 

Je vous rassure, ça n’est pas vrai ! J’ai bien entendu appris à dessiner et le dessin à main levée fait partie intégrante du travail de l’enlumineur. Mais il faut avouer que le décalquage est un luxe dont je ne me prive que très rarement pour l’enluminure. 

Mais pourquoi décalquer ? Et surtout, comment ?

C’est ce que je vous explique aujourd’hui !

Si vous suivez mes articles régulièrement, ou si vous pratiquez l’enluminure, vous savez peut-être que c’est une discipline qui regroupe un certain nombre d’étapes. Et avant d’arriver au résultat final, il faut en passer par… le dessin.

Au commencement

Au Moyen-Âge, les copistes dessinaient directement sur le parchemin à l’aide de crayons ou à la plume. 

Pourquoi ? Parce qu’ils n’avaient pas autant de moyens que nous. Le papier n’est arrivé que très tardivement en Europe. Quand bien même ils pouvaient s’exercer sur des tablettes de cire ou réutiliser des morceaux de parchemin comme brouillon, leur travail était moins confortable qu’aujourd’hui, et quand ils se lançaient, c’était pour de bon.

Quand il s’agissait de dessinateurs expérimentés, cela donnait lieu à des chef-d’œuvre. Dans le cas contraire, eh bien, l’enluminure prenait une tournure intéressante.

Aujourd’hui

Aujourd’hui, grâce à nos moyens modernes, nous pouvons heureusement nous permettre de faire beaucoup d’essais avant d’atteindre le meilleur dessin possible. Et ce, comme je le disais plus haut, grâce au papier, ce que ces pauvres moines n’avaient pas sous la main. 

N’est-ce pas pratique d’avoir des carnets à dessin et des feuilles à disposition ? Sans parler du crayon à papier et de la gomme, mes meilleurs amis 😀

Car je fais (quasiment) toujours des croquis préparatoires et plusieurs brouillons, surtout lorsqu’il s’agit d’une commande ou d’une réalisation complexe. Et une fois que ces croquis sont définitifs, vous l’avez dans le mil, je passe au décalquage !

Décalquer c’est tricher

Mais est-ce que décalquer n’est pas tricher ? 

Non. Je dirais que c’est un outil bien pratique pour qui n’est pas suffisamment sûr de son geste pour faire un dessin au propre directement.

Pour les débutants, le décalquage permet évidemment de reproduire des motifs existants et de se libérer des difficultés du dessin quand ils veulent travailler la pose de pigments.

Pour moi, cela permet de reporter le dessin que j’ai fait au préalable sur le support définitif.

Comment décalquer ?

Pour reproduire ou reporter un motif, il existe plusieurs méthodes.

La tablette lumineuse

La première méthode est celle de la tablette lumineuse. Il s’agit d’une table ou tablette sous laquelle est placée une lampe permettant d’éclairer le plateau par le dessous. Elle est plutôt pratique, mais encore faut-il en être équipé, ce qui n’est pas donné à tout le monde. 

Celles en vente dans le commerce ont des prix allant entre 20€ et 100€, mais il est évidemment possible de la fabriquer soi-même pour peu qu’on soit bricoleur.

Le principe est simple : il faut imprimer le modèle sur une feuille blanche, placer cette copie sur la table et allumer cette dernière pour que le motif soit bien visible. En plaçant le support définitif par-dessus, le motif apparaît par transparence grâce à la lumière. Il suffit alors de le recopier au crayon.

Je pense que cela peut être une bonne alternative, mais seulement si on travaille sur papier.

Je n’ai jamais essayé, mais il ne m’est pas difficile d’imaginer que l’épaisseur du parchemin rende le report difficile.

D’où les méthodes suivantes.

Le papier calque

Cette méthode est de loin la plus connue et la plus utilisée. Mais elle est aussi la plus fastidieuse.

Le principe est simple : il faut d’abord imprimer le modèle sur une feuille, puis à l’aide du papier calque, repasser les traits par transparence. Ensuite, il faut retourner le calque pour repasser les traits de l’autres côté au crayon à papier pour y déposer du carbone. Ensuite, il faut poser le calque sur le support définitif à l’endroit (avec le carbone en dessous) et repasser une nouvelle fois les traits pour les reporter sur le support…

Bref, la galère.

C’est la méthode la plus courante pour reporter un motif sur un autre support, mais certainement la plus longue et fatigante. 

Le papier carbone

La méthode suivante est celle du papier carbone. Il s’agit d’une feuille enduite de carbone ou d’une autre substance colorée et qui agit comme une sorte de tampon. C’est également un procédé pratique qui permet de reporter un dessin sans trop perdre de temps tout en conservant les détails nécessaires.

Le principe est simple : il faut imprimer le modèle sur une feuille, et placer la feuille de papier carbone entre le modèle et le support définitif avant de repasser les traits au crayon. Le carbone s’imprime alors sur le support.

A mon avis, c’est la méthode la plus économique, surtout en temps, car il suffit de repasser les traits une seule fois pour que le dessin soit reporté.

A retenir

Le décalquage est donc un outil bien pratique pour gagner du temps. Pour les débutants, il permet de se décharger d’une partie des difficultés. Pour ceux qui ont un certain niveau en dessin, il permet de travailler avec plus de souplesse.

Il existe plusieurs méthodes qui ont toutes leurs avantages et leurs inconvénients. A vous de trouver celle qui vous convient le mieux pour réaliser vos œuvres !

J’espère en tout cas que cet article vous aura plu. Dites-moi en commentaire s’il y a une méthode que vous ne connaissiez pas, et laquelle vous préférez utiliser !

A très bientôt !