Quelles sont les couleurs qui composent la palette ottonienne ? Comment étaient-elles utilisées ?
C’est ce que je vous explique aujourd’hui !
Je vous avais déjà évoqué la riche polychromie de la palette de couleur anglo-saxonne. Eh bien, celle de la palette ottonienne est tout autant fascinante ! Encore une fois, si les pigments utilisés sont hérités des traditions carolingiennes, la manière de les utiliser est très surprenante.
Introduction
L’enluminure ottonienne est la directe héritière de l’enluminure carolingienne. C’est pourquoi la palette de couleurs de base est sensiblement la même.
Souvenez-vous en. Elle se composait de :
- Blanc : blanc de plomb ou de craie
- Jaune : orpiment et ocre jaune
- Rouge : minium, vermillon, pourpre (murex, cochenille), folium
- Vert : vert-de-gris, malachite, verts composés
- Bleu : indigo, bleu de cuivre, azurite, lapis-lazuli
- Noir : noir de fumée
- Brun : terres, ocre rouge
Néanmoins, étant donné qu’il s’est écoulé plus d’un siècle entre le règne de Charlemagne et celui d’Otton Ier, d’autres pigments qui n’étaient alors que rarement utilisés auparavant le sont beaucoup plus.
La palette ottonienne
La palette ottonienne est légèrement plus fournie que la carolingienne, du fait des apports des techniques venant des échanges ayant eu lieu durant près d’un siècle.
Blanc
Tout comme dans l’enluminure romane et anglo-saxonne, on l’utilise surtout pour apporter de la lumière ou pour créer des camaïeux de couleurs en les gouachant.
Selon l’utilisation et la couvrance souhaitée, on peut utiliser le blanc de plomb, de craie ou d’argile.
Jaune
Même si le jaune est remplacé par l’or dans les manuscrits de l’époque carolingienne puis ottonienne, il reste tout de même bien présent.
Utilisé seul, il l’est par touches. En mélanges, il sert à la composition de verts.
Comme dans l’enluminure romane, il est souvent utilisé en mélange ou transparence pour la carnation. On peut citer les pigments tels que l’orpiment et l’ocre jaune.
Rouge
Comme dans l’enluminure carolingienne, le rouge possède une place dominante dans l’enluminure ottonienne.
Ses couleurs sont variées, allant du orange au violacé en passant par le pourpre. Sans compter sur toutes les nuances des couleurs gouachées.
On utilise les pigments tels que le minium, la garance, le vermillon et le follium.
Vert
Le vert est l’une des couleurs principales de la palette ottonienne avec le bleu et le rouge.
Si le vert-de-gris reste dominant, les verts composés se font bonne place. Ils sont constitués de mélanges avec du jaune (orpiment ou ocre) et du bleu (azurite ou lapis-lazuli).
Bleu
Tout comme dans l’enluminure romane et la fin de l’enluminure carolingienne, le bleu est l’une des couleurs dominantes de l’enluminure ottonienne avec le rouge et le vert.
Les bleus les plus vifs sont composés d’azurite ou de lapis-lazuli, utilisés purs ou gouachés. L’indigo reste bien entendu présent.
Noir
Le noir se fait rare dans les manuscrits ottoniens. En effet, si dans l’enluminure carolingienne et romane, il sert à cerner les formes, elles sont ici cernées de minium ou de blanc si elles le sont. Il ne sert donc plus qu’à créer du contraste dans les contreformes pour faire ressortir les couleurs ou à marquer quelques ombres.
Le noir le plus répandu est le noir de fumée, obtenu à partir de la combustion d’éléments organiques tels que le bois. Mais il pouvait également l’être en mélangeant toutes les couleurs de la palette.
Utilisation des couleurs
Tout comme dans l’enluminure anglo-saxonne et romane, les couleurs sont la plupart du temps posées en aplats et transparences, qu’elles soient gouachées ou non.
Si le fait de gouacher les couleurs permet de jouer avec les teintes, les aplats permettent d’obtenir des couleurs plus vibrantes et les transparences, de jouer avec les ombres et lumières.
A retenir
La palette de couleurs ottonienne est la directe héritière de la palette carolingienne. Si les pigments utilisés sont sensiblement les mêmes, la manière de les utiliser diffère.
Elle se compose de :
- Blanc : blanc de plomb, de craie, d’argile
- Jaune : jaune de plomb (massicot), jaune d’arsenic (orpiment), ocre jaune
- Rouge : rouge de plomb (minium), rouge d’arsenic (réalgar), rouge de fer (hématite), rouges bruns et violacés obtenus à partir de plantes (garance, folium et orseille), pourpre (murex ou cochenille)
- Vert : vert de cuivre (vert-de-gris), verts obtenus à partir du broyage de pierres (malachite, chrysocolle), verts composés (azurite/lapis-lazuli et ocre/orpiment)
- Bleu : lapis-lazuli, azurite, indigo
- Noir : noir de fumée, noirs composés
- Bruns : terres, ocre rouge
Et vous, qu’en pensez-vous ?
La palette vous évoque-t-elle plus la surprise ou la fascination ?
Que pensez-vous des couleurs et de la manière dont elles sont utilisées ?
Dites-moi tout en commentaire !