Bonjour et bienvenue pour la présentation du deuxième manuscrit du groupe d’Ada de ma liste ! Il s’agit de l’Évangéliaire dit de Centula ou de Saint Riquier. Il est conservé à la Bibliothèque municipale d’Abbeville sous la cote Ms. 4, mais sa version numérisée est hébergée à la BNF.
Détails
Il s’agit d’un manuscrit en parchemin relié de 198 folio.
Il a une taille de 350×240 mm.
Rédigé en latin à l’encre d’or sur deux colonnes, il date de la fin du VIIIe siècle (790-800)
On y retrouve des capitales romaines pour les titres, des capitales rustiques pour les sous-titres, de l’onciale pour les Evangiles et le début du Capitulare evangeliorum, et de la minuscule caroline archaïque pour le Capitulare evangeliorum et certaines parties des tables de concordance.
Description
L’Evangéliaire de Centula ou Saint-Riquier, conservé aujourd’hui à la Bibliothèque municipale d’Abbeville sous la cote ms. 4, est l’un des manuscrits les plus luxueux que nous ait légué l’époque carolingienne.
Comme je vous le disais il y a deux semaines, il appartient à un groupe de précieux manuscrits enluminés connus sous le nom d’École de la Cour de Charlemagne et plus particulièrement, au groupe d’Ada. Sa création est directement liée à la personne et à l’entourage du souverain et il l’a ensuite vraisemblablement offerts à l’un de ses proches, Angilbert, abbé de Saint-Riquier.
L’Évangéliaire de Centula appartient à la période probable d’activité du scriptorium postérieure à 794, au moment où Charlemagne et sa cour commencent à résider à Aix-la-Chapelle, où s’édifient alors la chapelle palatine et le palais.
Entièrement transcrits en lettres d’or sur du parchemin pourpré, l’évangéliaire a reçu une riche décoration ornementale et figurée qui se compose de cinq initiale monumentales ornées (en tête du manuscrit et sur chaque page d’incipit), 14 tables des canons et 4 diptyques en tête des Évangiles avec les portraits des évangélistes et l’incipit du texte.
Photos
Encore une fois, le style est très riche, que ce soit au niveau du dessin ou de la couleur.
Le dessin
Que ce soit dans les pages de portraits ou dans les pages d’incipit, les détails foisonnent. On trouve des motifs végétaux et géométriques qui remplissent l’espace sous forme de frises, et beaucoup d’entrelacs.
Les décors sont très codifiés, suivant les critères architecturaux antiques. En effet, les pages de portraits sont entourées de décors à colonnades. Tous les évangélistes sont mis en scène, posant sur de riches fauteuils rembourrés de coussins et décorés de draperies. Eux-mêmes sont vêtus à la manière antique.
Il y a un semblant de perspective qui donne un peu de profondeur, mais rien de très élaboré.
La couleur
Toutes les pages sont pourprées, ce qui change beaucoup le rendu des pigments. Néanmoins, la palette carolingienne est encore bien représentée !
Pour les bleus, on trouve de l’indigo et ce qui pourrait ressembler à du lapis lazuli ou du bleu de cuivre. Pour les verts, il y a du vert de cuivre et sans doute du vert composé. Il y a de l’orpiment et de l’ocre pour les jaunes, du minium, du folium et des terres pour les rouges, du blanc de plomb et du noir de carbone.
Concernant les métaux, l’or et l’argent sont utilisés.
Mon avis
Personnellement, j’ai beaucoup de mal avec les pages pourprées, car l’éclat des couleurs s’en trouve modifié en comparaison avec une page nue. Néanmoins, je ne peux nier que la réalisation est fantastique. Encore une fois, il faut un certain temps d’analyse avant de pouvoir se rendre compte du nombre de détails présents dans les différentes pages.
Tout comme le manuscrit précédent, j’adore la rondeur et la douceur du trait, ainsi que la certaine nonchalance des pauses des évangélistes Matthieu et Marc.
J’adore les techniques utilisées pour rendre les drapés et leur donner vie.
Pour comparer, voici le manuscrit de la semaine dernière et celui de cette semaine mis côte à côte.
Le Christ de Godescalc et St Jean de Centula ont quasiment la même pause.
De même pour St Marce de Godescal et St Luc de Centula.
Dites-moi en commentaire quelle version vous préférez !
Voilà pour cette présentation de l’Evangéliaire de Centula. J’espère que la présentation de ce manuscrit vous aura plue !
A très bientôt !
Source : l’art de l’enluminure n°46, Notice du manuscrit sur le site de la BNF