Dans l’un de mes précédents articles, je vous ai déjà présenté les pigments. Ils sont l’un des matériaux de base utilisés par l’enlumineur.
Très bien, me direz-vous. Mais comment savoir quels pigments utiliser ? Par où commencer ?? Comment s’en procurer ?
C’est ce que je vous explique aujourd’hui !
Vous pouvez également écouter cet article sous forme de podcast
Que ce soit à l’école ou chez soi, on a tous déjà fait de la peinture, et on connaît tous les couleurs de base : le rouge, le bleu, le jaune, le blanc et le noir. Avec ça, c’est sûr, on peut tout faire.
Mais malheureusement, que ce soit pour l’enluminure ou les autres domaines artistiques, c’est loin d’être aussi simple !
En effet, chaque époque possède une palette de couleurs bien déterminée.
De plus, même s’il existe bien des pigments rouges, bleus, jaunes, blancs et noirs, chaque catégorie de couleur possède une multitude de tons différents. Et contrairement à la peinture classique, certains pigments préparés à la méthode médiévale ne font pas bon ménage ensemble.
Je vais donc vous aiguiller grâce aux connaissances que j’ai acquises durant mon apprentissage et aux expériences que j’ai faites.
Pour bien choisir ses pigments, il faut se poser plusieurs questions. Les voici.
Pigment historique ou substitut ?
Au moment de choisir ses pigments, une des premières questions à se poser est de savoir si l’on veut utiliser les pigments historiques ou les substituts. Quelle différence ?
Pigments historiques
Ce qu’on appelle pigment historique sont les pigments utilisés à l’époque où l’enluminure originale a été créée.
Par exemple, le minium (orange) est un pigment largement utilisé au début du Moyen-Âge. Sa couleur est éclatante et caractéristique des styles mérovingien et ottonien (même si on l’utilise également dans d’autres styles).
Le problème, c’est qu’il est composé d’oxyde de plomb qui est très toxique. Ses conditions d’utilisation et de préparation sont donc très contrôlées.
D’autres pigments historiques, s’ils ne sont pas toxiques, sont simplement introuvables ou très rares, ou très chers, comme le lapis lazuli.
Pour ces raisons, on peut leur préférer des substituts.
Substituts
Les pigments dits de substitut sont des pigments synthétiques créés dans le but de se substituer aux pigments qui sont toxiques ou qui n’existent plus.
Pour reprendre l’exemple du minium, on peut le substituer à un pigment orange moins nocif. Celui que l’on m’a conseillé durant mon apprentissage était l’orange d’Irgazin.
Pour le lapis lazuli, le bleu outremer est un bon substitut.
En somme
Choisir entre pigments historiques ou substitut est une question de choix et d’équilibre entre :
- La sécurité
- Le budget
- La volonté de respecter l’historicité de son travail
Mais l’utilisation de l’un ou de l’autre type de pigment revient-elle exactement au même ?
Quelle différence entre pigment historique est substitut ?
Préférer un substitut à un pigment historiques est une question de choix personnel.
Lors de la réalisation de mon manuscrit, je me suis posée cette question à maintes reprises, et j’ai préféré utiliser les pigments de substitution pour des raisons de sécurité et de budget.
Avec le recul, j’assume toujours mon choix, mais je me suis rendue compte que tous les pigments ne se valaient pas. Alors quelles sont les différences entre pigments historiques et substituts ?
Différence de préparation
Qu’ils soient de substitution ou historique ne veut pas dire que tous les pigments se préparent exactement de la même façon.
Même si, en soit, la technique de préparation reste la même, le temps passé à broyer le pigment avec le liant peut varier de quelques secondes à quelques longues minutes d’un pigment à un autre.
Parfois, un pigment historique peut être plus long/compliqué à préparer qu’un pigment de substitution et vice versa.
Différence de texture
La texture peut également varier entre un pigments historique et son substitut. Certains seront plus fins et d’autres plus denses, et cette différence se ressentira à la pose. Certains réagiront bien avec l’eau, d’autre, pas du tout.
Il faudra alors adapter son geste.
Différence de rendu
La différence de rendu entre un pigment historique et son substitut peut être ce qu’il y a de plus flagrant.
De fait, les pigments sont différents. Il est donc normal de ne pas avoir un résultat similaire.
Et c’est valable également entre différents substituts ! La meilleure façon de se faire une idée est encore de les tester ou de pouvoir voir le résultat réel.
C’est bien beau, tout ça, mais où se procurer les pigments ?
Quel fournisseur ?
Les pigments sont assez faciles à trouver quand on sait où chercher.
Durant mon apprentissage, on m’a recommandé quatre fournisseurs :
Ils proposent tous le même genre de gamme de pigments. Certains ont plus de choix que les autres. D’autres ont un meilleur rapport qualité prix.
Encore une fois, la meilleure façon de décider quel pigment choisir plus qu’un autre est de les tester.
Super ! Mais lesquels se procurer ?
Consciente qu’il faut bien commencer quelque part, je vous ai préparé une petite liste de pigments de base à télécharger. C’est ma sélection personnelle et j’espère qu’elle vous plaira !
À retenir
Pour bien choisir ses pigments, la question principale à se poser est :
- Pigment historique ou substitut ?
Pour vous décider, il s’agit de choisir entre :
- Facilité de préparation
- Facilité de pose
- Rendu visuel
- Budget
- Fournisseur
Mais le meilleur moyen de faire son choix est encore de tester, tester, tester !
Et vous ? Si vous utilisez des pigments pour votre activité, comment les choisissez-vous ?
Si vous souhaitiez vous lancer pour en acheter, mes conseils vous ont-ils été utiles ?
Dites-moi tout en commentaire !
Jolie article, très intéressant 🙂 J’ai une question, en lisant la partie sur les pigments historiques, le orange. As tu pensé à l’orange ocre de Roussillon? Je sais qu’il produise encore se pigment naturel sur place et le commercialise. Peut être n’est il pas suffisamment raffiné fin pour la peinture sur toile ou papier?
Merci pour ce commentaire 🙂
Je ne connais pas l’ocre de Roussillon, mais on utilise bien des ocres en enluminure, qu’ils soient jaune ou rouge 🙂
Tout dépend des époques !
Après, le minium est vraiment orange, presque fluo à tel point qu’on peu se demander s’il est historique ou pas, alors que l’ocre, même s’il est vif et lumineux, n’aura je pense pas le même genre de teinte.
Mais peut-être que l’ocre du Roussillon est très orange ! Il faudrait que je le teste !
Mercredi pr cet artiCle ou tu boss résume bien comment bien choisir son pigment! 🙂