Quand la réalité et la fiction se mêlent. C’est ce que j’ai découvert et apprécié alors que je regardais une série sur Netflix il y a deux semaines. Je sais, cela peut paraître banal. Mais ça ne l’est pas, quand la série tourne autour d’un manuscrit issu de la collection Ashmole de la Bodleian Library d’Oxford. Cette série, c’est A Discovery of Witches. Je vous en dis plus.

Entre réalité et fiction
Il y a deux semaines, l’une de mes sœurs me partageait le titre d’une série Netflix : A Discovery of Witches. Le titre ne m’était pas inconnu, et je me rappelais avoir commencé à regarder le premier épisode il y a quelques années. Épisode que j’ai arrêté après quelques minutes à cause d’une scène plutôt sanglante.
Mais quelle n’était pas mon erreur ! Car outre le fait que j’adore les séries/films/livres qui parlent de sorcières, j’ai du coup loupé le plus intéressant pour moi.
Le fait que l’héroïne soit une sorcière ? Oui. Et non.
Le fait qu’elle soit historienne, et que ses recherches la poussent à consulter une série de manuscrits conservés à la Bibliothèque Bodléienne d’Oxford.
Déjà, l’endroit est très beau et je rêve de pouvoir y aller un jour.
Ensuite, Diane (c’est son nom) ne consulte pas n’importe quels manuscrits. Elle s’intéresse à des ouvrages datant de la fin du Moyen-Âge. Et en bonne enlumineresse que je suis, j’aime voir des manuscrits à l’écran. Qu’ils soient réels ou fictifs.
Ici, les manuscrits auxquels elle s’intéresse parlent d’alchimie, et ont été retrouvés et collectionnés par un certain Mr Ashmole.
Très bien. Mais alors, quand on parle d’Oxford et de sorcières, où se situe la frontière entre fiction et réalité ?
Où se situe la frontière ?
Je dois dire que la ligne est très fine. Car si les sorcières comme représentées dans la série n’existent (a priori) pas, la ville d’Oxford, elle, existe. Tout comme cet Ashmole. Et il a bel et bien constitué une très belle collection de manuscrits médiévaux (dont un bestiaire), certains parlant d’alchimie.
La Bodleian Library nous dit :
“Elias Ashmole naquit en 1617 et fit ses études à Lichfield. Il commença sa carrière comme avocat, mais entra au service de la Couronne en 1644 à titre de commissaire de l’accise. C’est son mariage avec Lady Mainwaring en 1647 qui lui permit de s’adonner à ses goûts pour l’alchimie et l’astronomie. Ces intérêts et d’autres l’amenèrent à former un large cercle d’amis, dont certains lui léguèrent de précieuses collections de manuscrits. Ashmole était entré au bureau des armes en tant que héraut de Windsor après la Restauration, mais vers 1672, il se retira avec une pension, dont il jouit jusqu’à sa mort en 1692.”
Mais alors, les manuscrits cités dans la série existent-ils réellement ?
Les manuscrits cités
Les manuscrits cités dans la série sont les Ashmole 37, 92, 183 et 782. En regardant le détail de la collection, les manuscrits 37, 183 et 782 sont censés exister. Le 92, lui, n’est pas répertorié.

D’après “A summary catalogue of Western manuscripts in the Bodleian Library at Oxford which have not hitherto been catalogued in the quarto series: with references to the Oriental and other manuscripts”, le manuscrit 37 est un recueil de poésie. Je n’ai rien trouvé concernant celui conservé sous la cote 92. Le 183 concerne apparemment les naissances. Quant au 782, il était un recueil d’anthropologie.

Malheureusement, aucun de ces manuscrits n’a été numérisé. A moins de me rendre à Oxford pour les consulter en vrai, je n’ai donc aucun moyen de savoir à quoi ils peuvent ressembler.
Manuscrit 782
Toute l’intrigue de la série tourne autour du manuscrit 782. Celui qui dans la réalité parle d’anthropologie. Dans la série, il est également présenté en tant que tel, mais une annotation au crayon est ajoutée, précisant que la première partie concerne l’anatomie, et la seconde, la psychologie.
Au fil des épisodes, Diane découvre qu’il s’agirait d’un manuscrit répertoriant les secrets des créatures magiques (sorcières, vampires et démons).
Pour les sorcières, il contiendrait les premiers sortilèges, ceux qui ont créé les vampires et les démons. Pour les vampires, il contiendrait le secret de leurs origines. Pour les uns comme pour les autres, il s’agit d’un atout précieux qui leur permettrait de survivre et/ou de détruire les autres créatures.
Mais ça n’est pas ce qui m’intéresse ici. Ce qui m’intéresse, c’est ce à quoi ressemble ce manuscrit.
Mon analyse
N’ayant pas moyen de savoir à quoi ressemble l’original, je n’ai pu me fier qu’à ce que la série veut bien montrer, sans savoir dans quelle mesure les créateurs de A Discovery of Witches se sont inspirés du vrai manuscrit.
La seule image que l’on voit pendant longtemps est celle de la première page, qui représenterait l’enfant alchimique. Le dessin est simple, et à première vue, est difficile à dater. Les couleurs en aplat peuvent faire penser qu’il s’agit d’une représentation ancienne. Et c’est possible, car si l’essor de l’alchimie en Occident date de la renaissance, cette pratique remonte à l’Antiquité.
Les écritures que l’on voit en filigrane par la suite, cependant, datent de toutes les époques : pré-caroline, caroline, gothique primitive…
Plus tard, Diane découvre trois pages du manuscrit qui en avaient été coupées. Celles-ci, en revanche, sont plus facilement “datables”. En termes de mise en page et de décors, elles ont une très forte inspiration gothique/renaissance.
Les images sont très belles et sont censées être peintes sur du parchemin. Même si au premier coup d’œil, je sais que le médium utilisé n’est pas du parchemin, mais du papier. Malgré la rigidité des pages qui est assez cohérente, je peux dire ça à cause de la texture et de l’effet de lumière sur la surface des pages. A cause de la manière dont les bords des pages paraissent parfois effilochées, et pas droites comme si elles avaient été coupées.
A retenir
Outre le fait d’être une très bonne série, A Discovery of Witches mêle très bien fiction et réalité. L’utilisation de références réelles comme la collection d’Ashmole et sa passion pour l’astrologie et l’Alchimie ne la rende que plus palpable. En tant que fan de littérature et de séries fantastiques, ce sont des éléments que j’apprécie beaucoup.
Mon œil d’enlumineresse n’est quant à lui pas resté sur sa faim, car les représentations enluminées livrées au fil des épisodes sont de qualité, et me donnent presque envie de les réinterpréter.
Voilà qui est tout pour cet article, j’espère en tout cas qu’il vous aura plu ! Pour me soutenir, partagez-le autour de vous et laissez-lui un petit pouce en l’air !
Mais avant de partir, dites-moi donc en commentaire ce que vous pensez de cette série si vous l’avez vue. Si vous avez d’autres exemples de représentation de manuscrits dans la pop culture dont vous voudriez que je parle, n’hésitez pas à me partager vos idées !
Sur ce, je vous dis à très bientôt !